Arrivée à Genève en juillet 1962, Esther Ofarim fit de nombreux enregistrements dans notre ville, avec l’équipe de Radio-Genève. Longtemps considérées comme perdues, ces précieuses bandes ont été retrouvées il y a peu par le producteur David Hadzis ( lire ci-dessous). Il a eu la brillante idée de les réunir, après remasterisation, sur un CD désormais tout ce qu’il y a de plus essentiel. Bonheur d’entendre la voix à la fois douce et racée d’une interprète, devenue star internationale par la suite, qui faisait alors ses quasidébuts dans la chanson. Après avoir remporté en 1961 l e premier prix d’un concours dans son pays, en Israël, elle représenta celui-ci lors d’un festival en Pologne avant d’arriver à Genève. Esther Ofarim in Geneva - The Radio-Genève Recordings contient des enregistrements en français, en hébreu, en italien et en anglais. Non, la future diva n’a pas seulement fait escale en Suisse pour l’Eurovision (contrairement à Céline Dion en 1988, qui gagna le concours avec Ne partez pas sans moi) mais elle y a travaillé. Plusieurs mois. Oui, elle avait quelque chose de magique et d’unique dans la voix. Le disque nous le rappelle ou nous l’apprend. A l’époque, c’est Louis Rey, directeur de la Radio romande, qui s’était occupé de la chanteuse. Lui trouvant les meilleurs auteurs compositeurs romands, comme Géo Voumard, futur cofondateur du Montreux Jazz Festival, ou Emile Gardaz, qui avait sa propre émission. Un tandem gagnant auquel on devait Refrain, la célèbre chanson de Lyss Assia, lauréate du premier concours de l’Eurovision, en 1956 à Lugano. Dans la foulée, c’est grâce à Louis Rey qu’Esther Ofarim décroche un contrat international avec Philips, firme qui possède alors ses bureaux à Zurich. Via des ramifications du label en Allemagne, la chanteuse y enregistre plusieurs disques et y cartonne. Elle y vit aujourd’hui, à Hambourg, et donne encore de temps à autre des concerts. Mais ne fait plus d’albums solo depuis le milieu des années 70. Mais après T’en va pas, Esther Ofarim, avec son premier mari, Abi, connaîtra un succès quasi planétaire avec le tube Cinderella Rockefella. Une chanson pop, proche de ce que faisaient à l’époque Sonny & Cher, enregistrée par le couple en 1967 et qui cartonnera très vite dans les charts comme partout ailleurs. C’est sans doute à partir de ce titre qu’Esther Ofarim devient une sorte de diva de la scène internationale, même si ses apparitions au fil des décennies s’espacent. Esther Ofarim in Geneva - The Radio-Genève Recordings n’est donc pas du tout un best of (il en existe plusieurs de la chanteuse). Il regroupe uniquement tous les titres qu’elle a enregistrés avant d’être signée par un label. Le professionnalisme de ces enregistrements a pourtant de quoi surprendre. Il s’agit là de véritables sessions studio qui dormaient depuis près de cinquante ans dans les caves de la Radio romande ( lire ci-dessous). David Hadzis a volontairement choisi de regrouper les morceaux par langue, ce qui donne une cohérence incontestable à l’ensemble. «Ces années passées à Genève représentent une étape importante de mon évolution en tant qu’artiste et tiennent toujours une place particulière dans mon coeur», déclare la chanteuse dans le livret, illustré d’images rarissimes, très documenté, qui accompagne le CD. Le disque fait ainsi resurgir de l’oubli un pan important, pour ne pas dire fondamental, du patrimoine genevois et international. Dévoilant les premières facettes d’une grande artiste qui en comporte beaucoup d’autres.

«Esther Ofarim in Geneva - The Radio-Genève Recordings» , Bear Family Records, original recordings Radio-Genève 1962-1963

 

David Hadzis: «Elle était méfiante»